La journée
internationale de la paix de ce 21 septembre 2017, me donne l’occasion de
partager ce témoignage personnel que j’ai hésité de publier depuis quelques
semaines…
Depuis que je suis parti de ce
village physiquement lointain, désormais émotionnellement si proche, je me
questionne sans cesse. En tant qu’humain, je m’en veux si bien que j’ai décidé
d’écrire ces phrases au bout des larmes. Des larmes comme celles que j’ai vues briller dans les yeux innocents de Bachirou, 8 ans, réfugié centrafricain dont
la famille a bénéficié de l’hospitalité du peuple de Dakéré, un petit village
situé entre Ngaoundéré et Meiganga.
Bachirou, a environ 8 ans. Il ne va pas
à l’école comme la plupart de ses pairs affectés par nos égoïsmes traduits par
des conflits insensés. Il a un rêve simple : « devenir un chauffeur ».
Un rêve si banal qu’il n’aurait pas fallu un effort exceptionnel pour nourrir,
hélas ! Celui de Bachirou restera un fantasme enfui dans la tête de cette
âme innocente et sensible qui n’a jamais choisi son statut.
Dès que mes pieds ont touché le
sol de Dakéré, je l’ai vu émotionnellement égaré au milieu de cette foule dont
les regards curieux et peut-être espérant, étaient tournés vers nous. Je ne
peux pour l’instant m’expliquer pourquoi il a autant attiré mon attention.
C’était un tout petit au regard étourdi, qui semblait n’attirer le regard de
personne. Je me suis rapproché de lui, courbé à sa taille pour le saluer. Il me
tendit timidement sa main droite, en prenant un soin naïf d’éviter mon regard. Il
semblait accorder peu d’importance à ma présence qui devait être une énième. Je
me rabaissai d’avantage et lui demandai son nom. Il répondit timidement sa
chemisette dans la bouche : « Bachirou ». Je lui souris, le
rassurant que j’étais son ami. Bachirou me regarda brièvement et feint de me sourire
en retour, sans véritablement le faire. Il semblait loin d’esprit, emporté par
les vagues d’un souvenir proche et emballé dans les tourbillons d’un avenir sans
espoir… Je m’en voulus de le perturber d’avantage sans lui apporter quelque
chose de concret… Je le pris de nouveau dans mes bras, le rassurant qu’il était
un champion, « un born to win » par la volonté de Dieu. Pour la
première fois, il me fixa dans les yeux. Je vis dans les siens larmoyants une
étincelle jaillir… Je l’ai senti si proche et me suis senti si impuissant de ne
pouvoir rien faire d’autres que du laïus pour ce garçon qui n’attend qu’une
opportunité pour réveiller sans doute le génie qui somnole en lui …
En vérité, je crois m’être
identifié en ce garçon qui pouvait aussi s’appeler Soilihou, à la différence
que je n’ai pas connu la guerre et qu’une chance m’a été donnée pour que je
sois ce que je suis. Je crois fermement qu’il pourra aussi réaliser ses rêves
si une chance lui est donnée... Je prie pour cela.
Chaque fois que nous fabriquons
une arme, chaque fois que nous la vendons, chaque fois que nous prônons son
utilisation, chaque fois que nous la laissons raisonner à notre place, nous détruisons
des milliers, voire des millions de rêves souvent simples comme celui de
Bachirou. Pensons-y chaque fois que nous voulons alimenter un conflit quel
qu’il soit. Pensons aux futures générations.
Peace in the world !!!
SMM
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