Martin Kevin est un ami et frère
de longue date. Il est chrétien pratiquant, très engagé dans son église. Il n’est
pas musulman comme moi, comme plusieurs de ses proches, mais il respecte ma
croyance sans nécessairement y croire. Si je vous invitais chez Martin Kevin,
la décoration de sa chambre vous ferait croire qu’il est musulman alors qu’il n’en
est rien. Voulez-vous savoir pourquoi ? Je vous l’explique.
Martin Kevin, chrétien pratiquant
confirmé a prévu dans sa chambre une bouilloire dont se servent les musulmans
pour faire les ablutions, un micro-bain rituel de purification avant la prière.
A côté de cet instrument de purification, Martin Kevin a prévu un tapis spécial
de prière et un djelaba accroché au
mur au cas où un pratiquant aurait besoin pour rendre conforme sa tenue de
prière. Martin Kevin accorde un soin particulier à ces outils qui au fond ne
représentent rien pour ses pratiques religieuses. Il le fait pour ses amis, ses
frères, nous musulmans dont il espère la visite, nous ses proches musulmans qu’il
accueille avec amour et considération profonde, nous dont il respecte les
croyances, qu’il y croit ou non. Voilà à mon sens ce que veut dire vivre
ensemble dans les différences et la diversité. J’ai parlé de Martin Kevin, je
pouvais parler de Luc, de Daniel etc. Vous aussi.
Vous comprenez que je sois profondément
sidéré et indigné des messages qui ont circulé ces derniers jours dans les
réseaux sociaux, appelant les frères et sœurs musulmans à ne pas répondre
présents aux invitations des frères et sœurs chrétiens à Noël sous prétexte que
c’est haram. Peut-être suis-je
ignorant, mais je ne pense pas que ce soit l’éthique de la religion que je
pratique qui appelle au devoir de solidarité et de coexistence pacifique. Répondre
à l’invitation d’une proche dans un événement veut-il nécessairement signifier
que l’on partage sa croyance ? Assurément non. Prendre part au mariage d’un
ami signifie-t-il qu’on croit nécessairement aux valeurs du mariage ? Nous
pouvons prolonger le questionnement. A ma connaissance, aucune invitation à
Noël ne convie à la pratique religieuse (messe et autres), mais à la
réjouissance des familles. Le devoir de coexistence, de cohésion sociale
demande de notre part que nous apprenions à partager les moments importants de
la vie de nos frères et sœurs dès lors qu’ils n’engagent pas de rituels
contraires à notre éthique spirituelle.
Voilà pourquoi je répondrai en ce
25 décembre 2017, comme ceux à venir si Dieu le veut, à chacune de vos
invitations. Dans vos familles, je viendrai, partager ces moments importants
avec vous, parce que je fais miennes toutes vos joies, chaque instant de
bonheur que vous engrangerez. Ce que je crois n’a pas d’importance, ce qui
compte c’est de partager les moments qui tiennent à cœur à ceux qui nous sont
chers.
Voilà les gages de la paix et de
la coexistence pacifique entre les entités d’un même peuple.
A bientôt dans vos familles pour trinquer ensemble.
Salif