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lundi 25 septembre 2023

Ma première fois


Chacun de nous a eu une première fois. Certains sous la pression des pairs, d'autres par concours de circonstances, l'occasion en or. Pour certains, cette première expérience est chaotique et marque leur vie pour l'éternité. Pour d'autres, peut-être mieux préparés, c'est une partie de plaisir aux sensations éternelles. Mais qu'en était-il chez moi?

La veille, je n'ai pas pu dormir. J'avais obtenu un rendez-vous ferme. C'était l'occasion rêvée pour goûter à la sensation suprême. Elle avait enfin dit oui. Pour autant, je ne me sentais toujours pas prêt. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'y penser. C'était un moment que je caressais depuis 3 ans. Je m'y exerçais et m'y suis préparé. Et jusqu'au jour j, j'avais l'impression de ne l'avoir pas assez fait, hélas. 

Des années avant, alors jeune adolescent au Lycée,  j'ai flirté à la rencontre des belles créatures.  Belles, denses et poignantes comme ma mère. J'apprenais à les manipuler, à les manier et à les engager. Je les aimais, les adorais et cherchais à les découvrir. Je cherchais surtout à les embrasser pour les saisir et marquer le terrain. Seulement, elles étaient si profondes que j'avais peur de m'engager véritablement. Un saut dans le vide. J'avais caressé cet espoir, celui de faire le pas décisif jusqu'à ce rendez-vous mémorable. 

La négociation avait pris quelques mois. Elle m'avait mis en confiance après que j'ai essayé plusieurs fois l'aventure avec des voisines sans succès. Sauf que je devais payer le coup, financer quelques rendez-vous y compris quelques préparatifs, vous comprenez. Au bout du chemin,  nous avons trouvé un accord et le jour j fut fixé. 

Ce jour du 7 avril 2017 restera à jamais gravé dans ma mémoire. Elle, la maison d'édition Éditions Edilivre m'a envoyé un courriel de confirmation. Il venait de naître mon premier ouvrage intitulé #le_condamné . Né d'un choc sociétal sur le phénomène de #JusticePopulaire au Cameroun, ce projet me donnait l'opportunité de les (les lettres) embrasser pour les saisir et marquer le terrain pas sans manquement. Avec le temps, je me suis rendu humblement à l'évidence que j'avais encore du chemin pour mieux les manier même si je les engageais déjà bien. C'était ma première fois et j'en ai appris.


Apprendre de ses premières expériences sans prise de tête et sans complexe, est déterminant pour la poursuite de sa passion. La première fois au micro, la première fois sur une piste, son premier contrat... Apprenons-en.


Soilihou Mforain 

Auteur

dimanche 24 décembre 2017

Je répondrai à vos invitations à Noël

Martin Kevin est un ami et frère de longue date. Il est chrétien pratiquant, très engagé dans son église. Il n’est pas musulman comme moi, comme plusieurs de ses proches, mais il respecte ma croyance sans nécessairement y croire. Si je vous invitais chez Martin Kevin, la décoration de sa chambre vous ferait croire qu’il est musulman alors qu’il n’en est rien. Voulez-vous savoir pourquoi ? Je vous l’explique.

Martin Kevin, chrétien pratiquant confirmé a prévu dans sa chambre une bouilloire dont se servent les musulmans pour faire les ablutions, un micro-bain rituel de purification avant la prière. A côté de cet instrument de purification, Martin Kevin a prévu un tapis spécial de prière et un djelaba accroché au mur au cas où un pratiquant aurait besoin pour rendre conforme sa tenue de prière. Martin Kevin accorde un soin particulier à ces outils qui au fond ne représentent rien pour ses pratiques religieuses. Il le fait pour ses amis, ses frères, nous musulmans dont il espère la visite, nous ses proches musulmans qu’il accueille avec amour et considération profonde, nous dont il respecte les croyances, qu’il y croit ou non. Voilà à mon sens ce que veut dire vivre ensemble dans les différences et la diversité. J’ai parlé de Martin Kevin, je pouvais parler de Luc, de Daniel etc. Vous aussi.

Vous comprenez que je sois profondément sidéré et indigné des messages qui ont circulé ces derniers jours dans les réseaux sociaux, appelant les frères et sœurs musulmans à ne pas répondre présents aux invitations des frères et sœurs chrétiens à Noël sous prétexte que c’est haram. Peut-être suis-je ignorant, mais je ne pense pas que ce soit l’éthique de la religion que je pratique qui appelle au devoir de solidarité et de coexistence pacifique. Répondre à l’invitation d’une proche dans un événement veut-il nécessairement signifier que l’on partage sa croyance ? Assurément non. Prendre part au mariage d’un ami signifie-t-il qu’on croit nécessairement aux valeurs du mariage ? Nous pouvons prolonger le questionnement. A ma connaissance, aucune invitation à Noël ne convie à la pratique religieuse (messe et autres), mais à la réjouissance des familles. Le devoir de coexistence, de cohésion sociale demande de notre part que nous apprenions à partager les moments importants de la vie de nos frères et sœurs dès lors qu’ils n’engagent pas de rituels contraires à notre éthique spirituelle.

Voilà pourquoi je répondrai en ce 25 décembre 2017, comme ceux à venir si Dieu le veut, à chacune de vos invitations. Dans vos familles, je viendrai, partager ces moments importants avec vous, parce que je fais miennes toutes vos joies, chaque instant de bonheur que vous engrangerez. Ce que je crois n’a pas d’importance, ce qui compte c’est de partager les moments qui tiennent à cœur à ceux qui nous sont chers.

Voilà les gages de la paix et de la coexistence pacifique entre les entités d’un même peuple.

A bientôt dans vos familles pour trinquer ensemble.


Salif

jeudi 21 septembre 2017

Ces rêves simples que nous détruisons par nos égoïsmes

La journée internationale de la paix de ce 21 septembre 2017, me donne l’occasion de partager ce témoignage personnel que j’ai hésité de publier depuis quelques semaines…

Depuis que je suis parti de ce village physiquement lointain, désormais émotionnellement si proche, je me questionne sans cesse. En tant qu’humain, je m’en veux si bien que j’ai décidé d’écrire ces phrases au bout des larmes. Des larmes comme celles que j’ai vues briller dans les yeux innocents de Bachirou, 8 ans, réfugié centrafricain dont la famille a bénéficié de l’hospitalité du peuple de Dakéré, un petit village situé entre Ngaoundéré et Meiganga.
Bachirou, a environ 8 ans. Il ne va pas à l’école comme la plupart de ses pairs affectés par nos égoïsmes traduits par des conflits insensés. Il a un rêve simple : « devenir un chauffeur ». Un rêve si banal qu’il n’aurait pas fallu un effort exceptionnel pour nourrir, hélas ! Celui de Bachirou restera un fantasme enfui dans la tête de cette âme innocente et sensible qui n’a jamais choisi son statut.
Dès que mes pieds ont touché le sol de Dakéré, je l’ai vu émotionnellement égaré au milieu de cette foule dont les regards curieux et peut-être espérant, étaient tournés vers nous. Je ne peux pour l’instant m’expliquer pourquoi il a autant attiré mon attention. C’était un tout petit au regard étourdi, qui semblait n’attirer le regard de personne. Je me suis rapproché de lui, courbé à sa taille pour le saluer. Il me tendit timidement sa main droite, en  prenant un soin naïf d’éviter mon regard. Il semblait accorder peu d’importance à ma présence qui devait être une énième. Je me rabaissai d’avantage et lui demandai son nom. Il répondit timidement sa chemisette dans la bouche : « Bachirou ». Je lui souris, le rassurant que j’étais son ami. Bachirou me regarda brièvement et feint de me sourire en retour, sans véritablement le faire. Il semblait loin d’esprit, emporté par les vagues d’un souvenir proche et emballé dans les tourbillons d’un avenir sans espoir… Je m’en voulus de le perturber d’avantage sans lui apporter quelque chose de concret… Je le pris de nouveau dans mes bras, le rassurant qu’il était un champion, « un born to win » par la volonté de Dieu. Pour la première fois, il me fixa dans les yeux. Je vis dans les siens larmoyants une étincelle jaillir… Je l’ai senti si proche et me suis senti si impuissant de ne pouvoir rien faire d’autres que du laïus pour ce garçon qui n’attend qu’une opportunité pour réveiller sans doute le génie qui somnole en lui …
En vérité, je crois m’être identifié en ce garçon qui pouvait aussi s’appeler Soilihou, à la différence que je n’ai pas connu la guerre et qu’une chance m’a été donnée pour que je sois ce que je suis. Je crois fermement qu’il pourra aussi réaliser ses rêves si une chance lui est donnée... Je prie pour cela.
Chaque fois que nous fabriquons une arme, chaque fois que nous la vendons, chaque fois que nous prônons son utilisation, chaque fois que nous la laissons raisonner à notre place, nous détruisons des milliers, voire des millions de rêves souvent simples comme celui de Bachirou. Pensons-y chaque fois que nous voulons alimenter un conflit quel qu’il soit. Pensons aux futures générations.

Peace in the world !!!
SMM